APPROVISIONNEMENT DU SUPER 91 AU BURKINA :  C’est la croix  et la bannière pour les usagers à Kaya, Serge Poda, Ministre en charge du Commerce rassure

0

La bousculade à la station OLA à Kaya

Depuis le 24 decembre 2022, la population de la ville de Kaya peine à se deplacer avec leurs engins pour manque de carburant. L’une de nos équipes a fait le tour de la ville ce mardi 27 décembre 2022 pour vous faire vivre l’atmosphère qui prévalait. Lisez ce grand reportage!

Il est 9H 00 quand nous démarrons notre engin au siège du journal « KAYAINFO». Quelques 20 mn après, nous arrivons à la station d’essence située au quartier Sandaogo de Kaya, au secteur 6. Après avoir observé les citoyens qui se bousculent au rang, nous nous approchons de quelques uns qui ont accepté nous témoigner de leur calvaire. C’est ainsi que Saidou Ouédraogo, un revendeur d’essence nous relate en ces termes : « Les gens sont pleins ici rien que pour l’essence. Nous sommes là depuis ce matin, et on espère enfin avoir de l’essence car on avait déjà été ailleurs mais rien. Nous ignorons le vrai problème maintenant. Nous sommes des revendeurs et depuis hier  (ndlr : lundi 26 décembre) qu’il y’a un manque d’essence. Nous demandons aux autorités de trouver des solutions pour nous sortir de là. »

Presqu’à la queue d’un autre rang, Youssouf Ouédraogo nous lance son cri de cœur: « Depuis presque quatre jours, l’essence est devenue rare. J’ai même poussé ma moto pour arriver ici. J’étais là hier je n’ai pas eu et je suis là encore ce matin car sans l’essence je ne peux aller nulle part pour mes activités. Même chez les revendeurs on n’en trouve plus. Que les autorités compétentes nous aident. »

Youssouf Ouédraogo « J’ai même poussé ma moto pour arriver ici »

Nous freinons un peu devant nous, nous rencontrons un agriculteur qui a préféré garder l’anonymat. Il renchérit : « L’essence est devenue très rare ici à Kaya. Pourtant sans l’essence nous ne pouvons pas évacuer nos produits vers les marchés. Aussi, ça ne favorise pas nos cultures. »

Nous nous approchons maintenant de la station où Yacouba Sakandé, briquetier à Kaya s’exprime en ces termes : « c’est seulement le manque de l’essence qui fait l’attroupement de tout ce beau monde. J‘ai besoin pour seulement 2 000F pour pouvoir livrer mes charges (ndlr : le sable, les briques, les gravillons et les articles de construction) commandées depuis avant-hier. D’autres clients comprennent qu’il y’a pénurie d’essence, mais d’autres nous prennent pour des faux types. C’est très complexe pour nous lorsqu’il n’y a pas d’essence car rien ne fonctionne. »

 

Yacouba Sakandé, briquetier à Kaya s’exprime en ces termes : « c’est seulement le manque de l’essence qui fait l’attroupement de tout ce beau monde »

« L’essence est devenue très rare ici à Kaya. Pourtant sans l’essence nous ne pouvons pas évacuer nos produits vers les marchés. Aussi, ça ne favorise pas nos cultures. »

Un peu plus loin, nous tendons notre micro à Salamata Sawadogo, commerçante au grand marché de Kaya qui s’exclame : « Nous sommes basées au marché mais nous livrons nos marchandises à bon nombre de nos clients. Avec cette pénurie nous risquons un déclin ou une chute libre car nous ne pourrons plus livrer nos produits. Je tiens cette bouteille de Fanta, en plus de ma moto afin de partager l’essence avec ma fille, car il n’y a rien dans sa moto. Nous demandons que l’essence ne manque pas pendant longtemps. »

Et Koubra Sawadogo de nous interpeller de loin pour nous souffler son Raz – le – bol : « L’essence est devenue très rare ici à Kaya. Pourtant sans l’essence nous ne pouvons pas évacuer nos produits vers les marchés. Aussi, ça ne favorise pas nos cultures. » En plus «On n’a pas de gaz depuis plus d’une semaine et ce problème vient s’ajouter vraiment nous demandons nos autorités à se pencher sur cette question. », ajoute -t- elle.

Koubra Sawadogo, à la recherche de l’essence pour sa moto

« L’essence est devenue très rare ici à Kaya. Pourtant sans l’essence nous ne pouvons pas évacuer nos produits vers les marchés. Aussi, ça ne favorise pas nos cultures. »

Un homme qui arrive tout mouillé de sueur, soupir et nous décrit son calvaire en ces termes : « Les deux jours-là l’essence est devenu rare dans cette ville. Ici à Sandaogo c’est mieux parce qu’il y’a jusqu’à trois pompes. J’ai été à la station OLA, mais il n’ y’a plus d’engins stationnés. C’est la même chose à la station du rond-point de la femme au secteur 3 de Kaya. Une fois arrivé à la station SOGELB, il n’y a rien comme goûte d’essence. Même constat à la station OTAM. Nous demandons aux autorités de veiller plus à la planification pour éviter ces genres de situation qui handicapent sans doute l’économie, le socle du développement. »

Au milieu du troisième rang, Saidou Bamogo, orpailleur au site de Kampti, dans la région du Sud-Ouest, actuellement revenu en famille à Kaya s’eclate : « Depuis hier je pousse ma moto de station en station mais je ne trouve même pas. Du péage de Dondolé à la sortie vers Ouagadougou, c’est finalement ici derrière une soixantaine de personnes que je place mon espoir. Que Dieu ramène la sécurité car à mon avis c’est la première cause. Même chez les revendeurs il n’ y’en a pas. »

Saidou Bamogo à la recherche du carburant

Il est déjà presque 11H, nous prenons la route de la station SOGELB. Nous mettons le cap vers la gare STMB, tout près, nous bifurquons à la station OTAM où il n’y a personne, pas d’essence. C’est là que nous remontons à la station OLA, à côté du monument du 11 Décembre, près de la préfecture de Kaya. Sur la route, nous rencontrons Amado Ouédraogo, à l’instar de bon nombre de personnes poussent, il pousse lui aussi sa moto vers cette station en espérant trouver de l’essence. Fatigué,  il s’arrête pour reprendre son souffle. Nous profitons l’arracher quelques mots : « Si je pousse ma moto, c’est parce que mon essence est fini. J’ai fait le tour de plus de quatre stations mais rien. Quelqu’un m’a dit d’aller à la station OLA. C’est pourquoi je me dépêche pour ne pas arriver tard. D’habitude il y’a des revendeurs un peu partout mais aujourd’hui je ne vois même pas un d’eux. J’ai entendu les gens parler  de pénurie mais je n’avais pas cru. Nous demandons aux autorités de nous aider à disponibiliser le carburant au moins dans la ville et les bidonvilles. Voyez-vous même, les motos et véhicules garés tout au long de la voie, plus de la moitié n’a pas de carburant. »

       Amado Ouédraogo à la recherche de carburant

Nous sommes enfin à la station OLA, il y’a l’essence mais des voix s’élèvent. Des usagers voulaient en venir à la main. Pour éviter les affrontements, les pompistes décident sagement de rompre le service. Nous apprenons dans les coulisses que certains usagers veulent se faire servir par la force. Albert Sawadogo, qui était devant nous, fait son témoignage : « C’est vrai qu’il n’y a pas d’essence partout mais cela ne valait pas la peine de ces bousculades. Seulement que les gens ne sont pas organisés, personne ne veut être derrière l’autre. Dans ces circonstances, il faudrait que les responsables aident à sensibiliser les jeunes. »

     Albert sawadogo plaide pour une sensibilisation

Et Lassané Ouédraogo, un revendeur au secteur 2 de Kaya qui laisse entendre : « J’étais un revendeur mais aujourd’hui je n’ai plus d’essence pour vendre à plus forte raison rouler ma moto. J’ai entendu qu’à part ici c’est seulement au rond-point de la femme qu’on peut avoir de l’essence pour sa moto. »

Lassané Ouédraogo, un revendeur au secteur 2 de Kaya

Le litre d’essence se vendait à plus de « 1 300FCFA dans les bouteilles»

 Etant toujours sous la colère, ces usagers refusent de s’exprimer à notre micro. Il était 11H 30 quand nous avons pris la direction du rond-point de la femme. De la station TOTAL du grand marché en passant par la station ORYX , à coté il n’y avait rien du tout, toujours pas de liquide précieux pour les engins. Quand nous arrivons juste à la place Naaba Oubri, nez  à nez à l’agence UBA, notre moto s’éteint. C’est l’essence qui est fini. À notre tour de pousser, mais nous avons rangé, notre dictaphone et notre bloc  note ans le sac et avons fait demi-tour avant de prendre la voie du quartier Sandaogo, côté Est du grand marché de Kaya, vers au secteur 6. N’ayant pas le temps de prendre le rang, nous bifurquons à la station de Sandaogo. Nous nous dirigeons vers le siège de la radio Zama FM.

«Ce manque est surtout facilité par les revendeurs en complicité de certains pompistes. Une fois que l’essence arrive, ils vont d’abord servir les revendeurs dans les nuits et ces derniers augmentent les prix dans la journée pour vendre. Il faut qu’il y ait plus de contrôle car cela est d’une part une forme de terrorisme »

 Nous apercevons un groupuscule. C’est un revendeur d’essence. Au milieu, nous voyons une personne qui tient une bouteille pour servir l’essence. Nous avons descendu et avons demandé de savoir combien peut-on avoir le litre d’essence, un usager nous répond en ces termes : « c’est 1 300F CFA ou rien.» Un autre qui a preferé garder l’anonymat dénonce  l’augmentation du prix du carburant à travers notre micro : « Le manque d’essence à Kaya est très dangereux. Ce manque est surtout facilité par les revendeurs en complicité de certains pompistes. Une fois que l’essence arrive, ils vont d’abord servir les revendeurs dans les nuits et ces derniers augmentent les prix dans la journée pour vendre. Il faut qu’il y ait plus de contrôle car cela est d’une part une forme de terrorisme »

Un peu plus loin de nous, nous interrogeons un homme en tenue, qui a préféré gardé l’anonymat pour raison de sécurité : « Nous demandons au DG de a SONABY de tout faire pour éviter ces circonstances. Je devrais aller au camp pour une mission mais à l’heure je suis obligé d’appeler pour qu’on vienne me chercher en complément de mes pas et cela me pénalise. J’ai vu quelqu’un avec une bouteille c’est pourquoi je me suis arrêté espérant avoir car il en manque dans les stations. Là où il y’a c’est difficile d’avoir donc si les revendeurs ont, on ne peut qu’acheter. »

Malheureusement, le stock est fini sous nos yeux. Ceux qui n’ont pas eu ont le visage plein de chagrin. Ils déposent les bouteilles vides qu’ils tenaient pendant que d’autres bourdonnent en reprenant les pousses. Au moment où nous achevons notre article, nous apprenons que le Ministre en charge du Commerce Serge Poda a rassuré aux consommateurs que des mesures sont en cours pour soulager les populations.

                                       Par Ayouba OUEDRAOGO

Laisser un commentaire