Axe Kaya-Dori : Les usagers de la RN3 sont-ils des déplacés internes à Kaya ?

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« Je ne suis ni à Dori, ni à Ouagadougou, je meurs de faim. » Voici en substance le constat fait par l’équipe mobile de KAYAINFO sur la situation des chauffeurs et des passagers sous blocus depuis deux semaines au carrefour STM-B de Kaya. C’était le mercredi 31 mai 2023 à Kaya. Lisez les témoignages !

Une vue des camions au bord de la voie au carrefour de la gare STMB à Kaya

Une fois de plus le trafic sur l’axe Kaya-Dori est sous blocus, bloquant ainsi les voyageurs. Les cars, les minibus couramment appelé Dina et les camions de marchandises en provenance de Ouagadougou pour Dori sont bloqués à Kaya pendant plusieurs jours, selon les témoignages que nous avons recueilli ce mercredi 31 mai 2023 à Kaya sur la RN 3, à la gare STM-B de la ville de Kaya, un grand carrefour du secteur 6 de la ville.  Des chauffeurs et des passagers y sont bloqués depuis des jours : « Depuis plus de quatorze jours qu’ils sont ici. », selon le témoignage du chef de gare qui a préféré gardé l’anonymat. Et un chauffeur en détresse d’ajouter : « Nous ne savons pas à quand est-ce que nous allons sortir de ce calvaire. »

Un aperçu des usagers en détresse sous des arbres

Sur la place qui arbore le mur du cimetière et le carrefour des lieux, les passagers de tout âge dorment sous la belle étoile et côtoient la chaleur torride de 40º de température. Nous nous sommes présentés au chef de gare qui nous explique la situation en ces termes : « Depuis plus de quatorze jours qu’ils sont ici. Certaines personnes n’arrivent plus à manger et nous aussi on n’a pas les moyens pour les nourrir donc ils souffrent beaucoup. D’habitude nous profitons des convois de la mine pour pouvoir aller à Dori. Mais depuis là, on ne comprend plus rien. Le souci ici c’est l’alimentation et surtout l’hygiène. Il y’a aussi l’insalubrité de la ville, il y a des maladies, nous dormons sous des moustiques. Aussi, les chauffeurs ont pris les frais de transports pour le carburer de leurs véhicules. Ils ont chargé les marchandises, mais il n’y a pas de route pour continuer (…). Nous demandons aux autorités de nous aider avec un convoi pour que les passagers et les marchandises alimentaires puissent arriver à Dori. » Approchés, les chauffeurs fondent en désespoir.Ils le font savoir dans notre micro : « Nous sommes ruinés. Depuis quatorze jours, nous ne sommes toujours pas à destination. Nos apprentis sont désespérés. Des passagers nous reviennent pour réclamer leurs sous pour payer à manger. L’hygiène est quasi inexistante ici, nous demandons à l’urgence de quoi manger. Aussi, un convoi pour que l’on puisse rentrer chez nous. » Sur des nattes, des pagnes, d’autres à même au sol, les passagers croupissent à longueur des journées sous les ombres garnis de déchets de tout genre : « Je suis transformatrice de lait local. Je repartais à Dori. Depuis la semaine passée je ne suis ni à Dori, ni à Ouagadougou. Je meurs de faim. Je suis arrivée ici la semaine dernière trouver d’autres voyageurs et nous habitons ici sous les arbres. Nous les femmes, nous sommes sans intimité dans ces endroits, pas accès à des toilettes, ni de bains. Il y a eu deux femmes qui ont accouché hier, l’hygiène n’est pas ça. Que ceux qui peuvent nous aider viennent à l’urgence car nous avons réclamé notre argent de transport et on en a fini de bouffer. Les marchandises sont pourries, les clients de la destination vont vers d’autres marchés, nous sommes sans doute ruinés, nous voulons arrivés à Dori. », renchérit une passagère, âgée de la quarantaine que nous avons préféré taire l’identité pour des raisons de sécurité. Sur le long de la route, des camions chargés de marchandises s’étalent à perte de vue. Pendant que la queue est à la gare STM-B, la tête se trouve à la sortie de la ville en partance vers Dori. « Nous espérons qu’un convoi viendra nous escorter. Nous attendons un convoi. », soupirentcertains passagers sous les ponts de leurs camions.

Après quatorze jours de route

Les images parlent d’elles-mêmes, quelque chose doit être faite pour soulager ces citoyens. En rappelle, depuis le sabotage du pont de Naré en fin juin 2022, l’axe Kaya-Dori est devenu un cauchemar pour les usagers. Cette situation interpelle les autorités à trouver au plus vite possible des solutions idoines pour le trafic puisse reprendre dans le bonheur des populations. Et cela est sans doute le combat que mènent nos FDS et VDP dans la zones afin de sécuriser l’axe Kaya-Dori.

Bédaré OUEDRAOGO, Ayouba OUEDRAOGO KAYAINFO

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