Fête de Noël
A la famille Nabaloum, la fête de nativité batait son plein
KAYA: la fête de Noël célébrée sobrement sous le signe du retour de la paix
Nous sommes le 25 décembre 2022 dans la cité du cuir et des brochettes au Kura-kura, à Kaya, Chef lieu de la région du Centre – Nord. C’est la fête de nativité comme dans tous les autres coins du monde. L’une de nos équipes a fait le tour dans certaines familles chrétiennes dans le secteur 6 où est logé son siège afin de recueillir quelques avis sur cette fête qui se tient dans un contexte d’insécurité.
Il est 9h 48 mn exactement au secteur 6 de Kaya, quand nous tendons notre micro à Jules Nabaloum, économe au CEG de Nootenga, dans la commune rurale de Pisla : « La fête se passe bien dans l’ensemble, mais avec le contexte actuel elle se passe sobrement. Le nombre de déplacés internes, d’orphelins, de veuves, de disparus et de décès dû à l’insécurité nous font froid au dos. Nous sommes dans la résilience, donc tout est au ralentit. J’appelle tous mes frères et sœurs chrétiens d’avoir l’esprit de partage et de vivre ensemble pour faciliter une bonne cohésion. Nous prions qu’à travers cette nativité la paix revienne avec tous ses bienfaits. »
Les frères (gche à drte) Simon Nabaloum et Jules Nabaloum souhaitent que la paix revienne au Faso le plus rapidement possible
«Nos vœux sont la paix, la sécurité pour que chacun puisse la faire chez lui en famille l’année prochaine. »
En même temps, nous nous retournons vers son frère Simon Nabaloum, président de la communauté chrétienne de base de Pissila qui s’exprime : « Dans ce contexte d’insécurité nous essayons de faire la fête en pensant à nos frères et sœurs victimes des violences des groupes armés. Nous sommes à Kaya car nos églises sont fermées pour raison d’insécurité. Nos vœux sont la paix, la sécurité pour que chacun puisse la faire chez lui en famille l’année prochaine. »
Nous avons mis le cap dans le quartier Karbaguelé du même secteur, à l’extrême Est, nous arrivons dans la famille de Salfo Élie Bamogo, Pasteur à l’église centrale des Assemblées de Dieu de Kaya qui, après l’accueil chaleureux, nous parle en ces termes: « Nous rendons grâce à Dieu pour la vie qu’il nous a donné de faire encore cette fête. Cette fête est l’accomplissement de la promesse de Dieu à l’humanité, donc nous sommes contents et nous la faisons sobrement en espérant que le seigneur répondra à nos vœux de sécurité, de paix, de longévité, d’amour, de cohésion et du bon vivre ensemble. » Sur place, nous constatons des frères musulmans qui sont venus pour célébrer cette fête avec leurs frères, leurs amis et leurs collaborateurs.
Salfo Élie Bamogo, Pasteur à l’église centrale AD de Kaya
«Pour cette fête de nativité nous nous joignons à nos frères collaborateurs et connaissances pour leur manifester notre joie et notre sens du vivre ensemble.»
Parmi eux Issaka Simporé, professeur de Français et Censeur au CEG de Dondolé nous souffle ces mots: « Pour cette fête de nativité nous nous joignons à nos frères collaborateurs et connaissances pour leur manifester notre joie et notre sens du vivre ensemble. Monsieur Bamogo comme tous les autres chrétiens est un humain avant l’appartenance religieuse, c’est pourquoi nous ne faisons pas de la religion une barrière. Ce contexte d’insécurité nous interpelle tous de mettre de côté nos différences religieuses, raciales et ethnique ou culturelle et de cultiver la tolérance de tout genre pour une bonne cohésion. Pour tous ceux qui comprennent c’est le même Dieu et j’appelle tous les musulmans à la compréhension. Mes veux sont la paix et la santé dans notre pays et ailleurs »
Issaka Simporé, Professeur certifié de Français/Censeur au lycée de Dondolle de kaya, invité de Salfo Élie Bamogo
Au quartier Bollé, toujours au secteur 6, après avoir été servi de plats délicieux et diversifiés, nous nous approchons de Aguera Sawadogo, élève à l’école de formation de l’éleveuse à Ouagadougou, fille de la famille de Jacques Salam Sawadogo nous livre ses sentiments : « La fête de Noël c’est la fête des enfants, nous sommes donc contentes sauf que nous n’avons pas tous nos parents à nos côtés à cause de l’insécurité. Ici à Kaya nous sommes des déplacés internes. »
Jacques Salam Sawadogo, VP – PDS de Dablo à Kaya
Avant de refermer nos portières pour revenir au siège, m Jacques Salam Sawadogo, premier vice-président de la délégation spéciale de la commune de Dablo nous fait entendre : « La fête est plus ou moins bonne. Elle est bonne car ceux qui le font cette année ont eu la chance. Elle est moins bonne car on n’est pas au total et on n’est pas dans nos familles, donc cette fête de nativité aujourd’hui se fait sobrement. Dablo n’est plus Dablo, des femmes veuves, des enfants orphelins, des élèves sans classes, des refugiés sans toits, nos vœux c’est d’abord la paix, ensuite la santé, longevite et leurs descendances. C’est un moment propice de cohésion, je prône que les hôtes et déplacés se donnent main dans la main afin d’éradiquer ce phénomène violent de notre pays. »
Aguera Sawadogo, de la famille de Jacques Salam Sawadogo est heureuse de cette fête de Noël
« Dablo n’est plus Dablo, des femmes veuves, des enfants orphelins, des élèves sans classes, des refugiés sans toits, nos vœux c’est d’abord la paix, ensuite la santé, longévité et leurs descendances »
En sortant de cette concession, nous croisons Aguiratou Sawadogo, ménagère au secteur 6, quartier Bollé qui renchérit : « la fête est sobre chez nous. Nous sommes de la commune de Dablo et aujourd’hui nous faisons la fête à Kaya sans tous les membres de la famille pour cause d’insécurité. Elle est différente des autres années. A l’occasion de cette fête de nativité nous prions pour la paix et pour la santé. Nous sommes contentes parce que nous avons espoir qu’avec la naissance du Christ la sécurité reviendra. »
Aguiratou Sawadogo, ménagère, quartier de Bollé
En somme, comme le cardinal Philippe Ouédraogo l’a voulu, la fête a été sobre. Nous retenons que la vie actuele de notre pays est impropice aux fêtes grandiose et cela nous interpelle tous à se donner la main pour sortir ensemble au plus vite possible de cette situation d’insecurité.
Par Ayouba OUEDRAOGO