KAYA:Histoire et origine du Kura – Kura

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L’histoire et l’origine du Kura-Kura reposent sur les tourteaux d’arachide. C’est le sujet de la rubrique intitulé « Rue marchande », animé tous les mardis dans l’après-midi sur KAYAINFO. Ce mardi 03 janvier 2023, l’une de nos équipes est allée à la rencontre de KotimeSawadogo, fabricante de Kura – kura au secteur 3 de la ville de Kaya, quartier Yirtaoré pour immortaliser les techniques et les étapes de cette spécialité kayalaise. C’était sous le coup de 16H. Lisez!

Ayouba Ouédraogo, Journaliste – reporter de KAYAINFO, l’animateur principal de la rubrique « Rue marchande»

Il est 15H 32, ce mardi 03 janvier 2023 dans la cité du Cuir et des brochettes au Kura-kura lorsque nous démarrons à notre siège « KAYAINFO » situé au secteur 6. Après une dizaine de minutes nous arrivons enfin chez KotimeSawadogo, une femme âgée de la cinquantaine. Après les salutations d’usages, nous l’avons tendu notre micro. Elle nous explique le processus basé sur l’arachide, de la matière première au produit fini. Il est utilisé dans plusieurs mets dans la sous-région : «  Nous achetons les arachides au marché que nous décortiquons à la machine, ensuite nous passons au fanage des graines. Nous trions ensuite les bonnes graines avant de les  passer dans la machine à frire. » a expliqué Kotime Sawadogo, l’une des fabricantes de Kura-kura au quartier Yirtaoré de Kaya.

Kotime Sawadogo (marmite), pendant la phase de cuisson, assistée par l’une de ses filles.

 Pendant notre entretien, nous avons voulu savoir les différentes formes de « Kura-kura ». Elle a répondu par l’affirmative.Ainsi, le secret de certaines étapes sont détenus parles kayalaises. C’est elles seule qui le détiennent jalousement. Par exemple, du tourteau d’arachide en passant par la farine jusqu’à la pâte d’arachide, dame Kotime ajoute qu’il faut frire. « La façon de frire les graines pour faire les tourteaux est différente de celle de la farine ou de la pâte. Mais, il faut absolument être patiente et aimer ce qu’on fait. Sinon c’est un travail très fatigant. » nous précise la spécialiste avant de continuer : « Ensuite, pour l’autre étape, nous partons écraser ces graines au moulin pour obtenir une pâte qu’on appelle «Kalbêedo » en langue nationale mooré. Au retour à la maison, nous chauffons l’eau dans une marmite déposée au feu de bois. Une fois que l’eau est chaude, nous versons une quantité de pâte, nous remuons et ajoutons un peu d’eau tout en remuant jusqu’à ce que nous obtenons l’huile à partir de la pâte. » Pour obtenir une grande quantité d’huile, dame Kotime nous rappelle : « l’eau est mise en fonction de la quantité de la pâte, en fonction du temps et en fonction de la quantité du bois au feu.L’huile obtenue sera mise dans un plat. On verse la pâte obtenue dans un autre récipient, on la laisse refroidir un peu et on commence la fabrication du Kura-kura. C’est de façon manuelle. Il y’a plusieurs formes, des Kura-kura à la boule, des Kura -kura au brachelet, à la forme des oreiles, c’est notre spécialité à Kaya. C’est la pâte frite qu’on appelle « kal-kamdo» en langue nationale mooré. »

«Lorsque l’on remue la pâte dans la marmite pour extraire l’huile, on appelle ça  koursgu  en mooré et quand on mange le tourteau on entend  kourgoum-kourgoum et c’est leur jumelage qui a donné  kura-kura. »

Dans le processus de fabrication du Kura -kura s’acquiert par l’expérience. Une fois le Kura -kura obtenu, on passe à l’étape de frite. Kotime Sawadogo a joute que les changements des couleurs au cours de la cuisson ont une signification que seules les praticiennes peuvent interpréter. Pour en savoir davantage sur la place du Kura -kura, nous avons approché à la belle-mère de Kotime Sawadogo. Elle s’appelle Kotime Ouédraogo, une octogénaire. Elle nous raconte : « Je suis venue trouver que mes belles mères le faisaient et à mon tour je l’ai  montré à mes enfants et à mes belles filles. » A la question de connaitre l’origine du nom « Kura-Kura », grand-mère nous répond en ces termes : « lorsque l’on remue la pâte dans la marmite pour extraire l’huile, on appelle ça  «Koursgu» en mooré et quand on mange le tourteau on entend un bruit Kourgoum-kourgoum» « Et c’est la transformation de ce nom qui a donné Kura-kura.»  Nous étions curieux de connaitre l’évolution d’une telle spécialité, l’octogénaire sourit et nous lance des mots en ces termes : « Autrefois, il n’y avait pas de machine. On décortiquait soit à la main soit avec du bois coupé. Aussi, pour frire les graines c’était avec les canaris. Pour avoir la pâte il fallait te confier au mortier ensuite avec une meule. De plus, pour l’extraction de l’huile et pour frire les tourteaux d’arachide, c’était aussi avec le canari. » Elle nous confie ne plus avoir la force mais le savoir-faire y est toujours pour encadrer des apprenants.

Grand – mère Kotim Ouédraogo ( 80 ans), explique l’origine du nom Kura – Kura

Au cours de notre reportage, l’une de ses petites filles témoigne. Il s’agit de Zara Kargougou, élève en classe de Tle A au lycée privé Naaba Koanga : « Pendant les congés et les vacances c’est ce que maman et grand-mère nous apprennent. On peut dire que c’est un métier très bénéfiques car depuis que nous  maitrisons la fabrication, nous avons assez d’économies pour ne plus demander nos à mamans pour les fêtes et autres. » Par ailleurs, tout comme sa petite sœur Nafissetou Kargougou, élève au lycée professionnel  régional de Kaya, option Génie électrique,  lance un appel à ces camarades de classe à apprendre ce métier qui autonomise ceux et celles qui la pratique: « A mes camarades filles et garçons, je les informe que c’est très bénéfique, c’est un métier comme les autres. Il faut qu’on le valorise. »

Zara Kargougou, Tle A Lycée privé NaabaKoanga

NafissetouKargougou, élève en Génie électrique, lycée professionnel régional de Kaya

Quant à Batoude Sawadogo, belle-fille de Kotime Sawadogo : « Ma belle-mère m’a appris ce qu’elle a appris de de sa belle-mère et c’est fabuleux depuis que je suis mariée à son fils. Ce métier que je ne savais pas est très rentable, il suffit que les autorités s’y penchent car il y’a d’énormes potentialités à Kaya. » A l’en croire, c’est vrai que c’est un métier très difficile dans la pratique, mais elle tire plaisir en le faisant.

En écoutant les deux filles et la belle fille, ce sont des moyens qui fond  défaut, sinon « Nous comptons faire de ce métier, une entreprise qui pourra moderniser la fabrication du Kura – Kura dans la cité du cuir et des brochettes au Kura-kura.» Elles appellent les bonnes volontés à entendre leur cri de cœur afin de les venir en aide.

 Suivez l’intégralité de l’histoire du Kura-kura de Kaya en vidéo en cliquant sur notre chaîne YouTube : redaction@kayainfo.net

Par Ayouba OUEDRAOGO

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