Préservation du parc animalier de Ziniaré : Le cri de cœur deShanaz Husseini, Présidente de l’Association pour la Promotion de la Faune et de la Flore au Burkina Faso
SHANAZ HUSSEINI, Présidente de l’association pour la promotion de la faune et de la flore du Burkina Faso
En prélude à la 1ère session du cadre de formation des web – journalistes sur le Mobil journalim (MoJo) et l’écriture journalistique, les 10 et 11 août 2024, Kaya Info à réaliser un entretien avec Shanaz Husseini, Présidente de l’Association pour la Promotion de la Faune et de la Flore (APFF) au Burkina Faso. Vivant au Pays des Hommes Intègres depuis plusieurs années, Shanaz est devenue une citoyenne Burkinabè qui se bat pour la préservation de la faune et de la flore au niveau du sanctuaire du parc animalier de Ziniaré, région du Plateau – Central. Dans cet entretien réalisé par Kaya Info le dimanche, 11 août 2024, elle s’exprime sur la situation actuelle du parc, l’Etat des animaux et les plantes qui y restent à préserver. Lisez plutôt !!
KAYA INFO : Qui est Shanaz Husseini ?
SHANAZ HUSSEINI : Je suis Burkinabè passionnée de la faune et de la flore. J’ai connu le Burkina quand j’avais 8 ans, je suis née en 1991. Après, je suis allée au Canada pour poursuivre mes études. Je suis revenu m’installée au Burkina Faso, un pays que j’aime, la passion du patrimoine Burkinabè. J’ai découvert plusieurs régions touristiques du Burkina. Bref, je suis citoyenne du Burkina Faso qui se bat pour préserver la nature, la faune et la flore. C’est ça ma mission.
« KAYA INFO » : Comment arrivez – vous à prendre la relève et à assurer la gestion de ce parc animalier de Ziniaré ?
SHANAZ HUSSEINI : Très difficile ! C’est la problématique majeure de notre association, le côté financier. Actuellement nous avons 80 espèces au parc qui sont tous des gros animaux. Par exemple une lionne doit manger au minimum 40 Kg de viande par semaine pour pouvoir vivre. Nous avons actuellement 3 lionnes au parc. Au début c’était gérable avec les visiteurs étrangers, mais avec la situation sécuritaire du pays qui s’est dégradée à un certain moment, c’était difficile. Nous avons aussi des dons de nos partenaires. Aujourd’hui, ça va, mais demain, on ne sait pas si on va pouvoir nourrir ces animaux. En tout cas, pour l’instant on est toujours aider par des volontaires. Nous sommes accompagnés par la mairie de Ziniaré, la Police municipale de Ouaga, la mairie de Ouaga, une association française nous accompagne aussi. Mais, il faut reconnaitre que c’est un lourd travail, la préservation de ce parc qui était mieux gérer par son propriétaire.
« KAYA INFO » : Quelles sont les espèces animalières qui restent à sauvegarder au parc ?
SHANAZ HUSSEINI : Il y’en a beaucoup. Mais, l’avantage c’est que ces espèces sont toutes du Burkina Faso. Sauf quelques-unes qu’on a envoyé de l’Afrique du Sud. Cependant, le dernier lion est mort en 2017. Les derniers chiffres sur les lions indiquent que nous ne dépassons pas 100 lions. Nous avons une hyène, deux hippopotames (Ndlr : Tous des femelles nées au Burkina. La doyenne, en 2008 et l’autre en 2009), des autruches, des antilopes, des crocodiles. On a aussi des tortues et des singes. Nous avons un programme de réinsertion pour maintenir la faune du parc en bon état si toutefois nous aurons les moyens. On dénombre plus de 36 espèces d’oiseaux en saison de pluie, des oiseaux sauvages, des perroquets et des crocodiles qui sont revenus puisse que nous avons créé des points d’eau à l’intérieur du parc avec l’aide d’une société qui nous a donné une fontaine.
‘’ En venant visiter le parc, on participe à pouvoir entretenir ces animaux et à sauver encore plus d’animaux’’
« KAYA INFO » : Si on vous demandait en un mot d’inviter les Burkinabè à fréquenter ce parc animalier de Ziniaré, que diriez-vous ?
SHANAZ HUSSEINI : Difficile de répondre en un mot (Ndlr : Rire). Voyez-vous, tous les animaux qui sont dans le parc, ce sont des animaux de notre pays. C’est très important de les préserver. En venant visiter le parc, on participe à pouvoir entretenir ces animaux et à sauver encore plus d’animaux. C’est pour cette raison que j’encourage les gens, surtout les enfants à venir visiter le parc.
« KAYA INFO » : Quel sentiment vous anime lorsque vous vivez avec les animaux du parc ?
SHANAZ HUSSEINI : Très agréable. Depuis 8 ans que je suis avec ces animaux. J’ai envie de vivre à Ziniaré. J’adore être là. Avec la saison des pluies, si vous prenez votre natte, vous l’étalez, vous allez oublier vos soucis. Quand je suis ici, j’oublie mes problèmes quotidiens. J’invite les gens à venir visiter le parc qui est un patrimoine du Burkina.
« KAYA INFO » : Nous allons maintenant parler de chiffres. Quelles sont les recettes qui vous permettent de faire face aux difficultés de gestions du parc ?
SHANAZ HUSSEINI : Depuis 4 ans, nous connaissons nos périodes d’affluence. Nous avons des fréquentations qui sont plus du côté des scolaires et des centres de formation qui viennent ici, raison pour laquelle nous faisons des tarifs de groupe. On a beaucoup de monde. Pour nous c’est important de miser sur l’éducation des enfants car ils sont l’avenir du pays. De juin à juillet, c’est la belle période du parc avec les vacances scolaires, nous avons un nombre important de visiteurs. Le parc se finance à 65%. Cependant, d’octobre à novembre, c’est la période catastrophe. Le parc ne peut pas se financer. C’est-à-dire qu’il ne peut nourrir que les singes, les tortues et les petits animaux. Par exemple, pour nourrir les 3 lionnes du parc, actuellement on est à 1 500 000 FCFA par mois pour une lionne. Pour les hippopotames, chacun mange 40 Kg de nourriture par semaine. Donc, vous comprenez que le parc ne s’autofinance pas seul. Il y a aussi les dons qui permettent d’assister ces animaux.
« KAYA INFO » : Quels sont les projets que vous avez en perspectives pour relancer le parc animalier de Ziniaré ?
SHANAZ HUSSEINI : Il y’a beaucoup à faire dans ce parc. Nous sommes une association bénévole, si nous avons des moyens, nous pouvons réaliser beaucoup de projets notamment l’aménagement du barrage que le propriétaire du parc avait réalisé. Une fois que ce barrage est aménagé, on aura plusieurs espèces d’animaux, d’oiseaux et de plantes. Cela sera une opportunité pour booster la fréquentation du parc.
Interview réalisé par Madi OUEDRAOGO/KAYAINFO