Royaume de Boussouma : (Jeudi) Retour de la retraite spirituelle de sa Majesté le Dima Sigri au palais

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Le royaume de Boussouma est l’un des cinq principaux royaumes moosé du Burkina Faso. La vie sociale, qu’elle soit coutumière ou religieuse fonctionne sur la base des coutumes qui se manifestent à une période précise de l’année. Pour la 4e édition 2023 de Naab Kitoaga du Dima Sigri, KAYAINFO.NET a assisté à la cérémonie de retour de la retraite de sa Majesté. En rappel, cet évènement est célébré chaque jeudi de l’année. Ainsi, ce retour spirituel du Dima à son palais ouvre la porte aux différentes manifestations culturelles dans le rioungou.

Sa Majesté le Dima Sigri, roi de Boussouma

Ce jour, jeudi, 7 décembre 2023, nous sommes au Palais de sa Majesté le Dima Sigri, roi du royaume de Boussouma. Il est 8H 15.  Nous remarquons un calme serein dans la cour du palais. Quelques instants après, des fils et filles du riougou, des notabilités du palais, des autorités coutumières et religieuses des différents quartiers se réunissent progressivement pour accompagner le Dima Sigri pour son retour de sa retraite au palais. 

La parade du cortège qui accompagne le retour de la retraite spirituelle du Dima

Il s’agit d’une parade qui fait un tour avec des pas lents accompagnés des coups de feu des « Kamboinsé » et le regard vigilant de la sécurité du Dima, les « Raporamba ». La parade quitte le quartier «Dapoya» pour se converger à Ouahigouya où est installé le palais du Dima. Ainsi, les filles appelées communément les « Pog-tâppâ » de la cour royale, en file indienne dans le rang sont toutes habillées en traditionnel.  Il en est de même pour les notables du palais. Les « Pog-Tâppâ » prennent la tête du cortège, suivis des jeunes qui sont chargés de porter les différents fétiches. Nous tentons d’arracher quelques mots à des personnes et nous tombons d’abord sur Oumarou Antoine Sawadogo, étudiant  à l’Université Pr Joseph KI-Zerbo, fils de Boussouma.  Il montre qu’il assiste cette cérémonie traditionnelle depuis l’enfance car pour lui, cette manifestation du Dima fait partie de l’essentiel de la tradition et c’est ce qui donne un sens à l’existence du royaume. Pour lui, cette cérémonie est un lieu d’apprentissage. A l’endroit de la jeunesse, Oumarou Antoine les invite à venir apprendre ce que les devanciers avaient mis en place pour favoriser le vivre – ensemble, la cohésion sociale et la solidarité au sein des communautés, gage d’une vie paisible dans le riungou (le royaume).

Bobellé Toudeba, Artiste conteur

Ensuite, Bobellé Toudeba, artiste – conteur de son état et représentant du projet Espace pour les Cultures Orales (ECO) accepte se confier à notre micro : «  C’est impressionnant, c’est réconfortant et c’est ressourçant car au cœur du Burkina Faso, on constate qu’il y a encore une civilisation traditionnelle qui continue de valoriser la culture. »  Selon lui, cette cérémonie est un repère, un socle pour la jeunesse et c’est sur  ça qu’elle devrait s’appuyer pour définir son avenir. Par ailleurs, Il invite les adultes de ne pas rompre la chaîne de la tradition : «  Ce que nous voyons c’est de la parade mais  au-delà de ça, il y a tellement d’enseignements  et de choses  à savoir qu’il appartient à ces adultes de les transmettre à la jeunesse pour qu’elle les portent dans l’avenir.»  

Ousseini Ouédraogo DPCAT Sanmatenga

Aussi, Ousséni Ouédraogo, Directeur Provincial de la Culture, des Arts et du Tourisme (DPCAT) du Sanmatenga est venu lui aussi assister à la célébration de cette fête coutumière de de sa Majesté le Dima Sigri de Boussouma. Selon lui,  ce retour de la retraite spirituelle du Dima appelé le «Na-yaagré» en langue nationale mooré est très important et significatif pour les communautés du riungou. Pour lui, c’est après ces rites que les communautés ont l’autorisation de célébrer les fêtes de réjouissances populaires qui annoncent le nouvel an dans le royaume. Il y’a d’énormes avantages et de valeurs culturelles selon le DPCAT du Sanmatenga : « C’est un lieu de solidarité, de retrouvaille, de la cohésion sociale, du vivre – ensemble et de l’amour de sa patrie.»

Une vue des salutations des différentes communautés à sa Majesté

Enfin, nous nous approchons d’une « Pog-Tâo » (Fille descendante de la cour royale de Boussouma) du nom de  Kadi Ouédraogo. Elle est mariée et résidente à Kaya. Selon cette dernière : « Chaque année, nous les filles du royaume, revenons pour accompagner sa Majesté qui rejoint son palais après plusieurs jours de retraite spirituelle. » Dame Kadi indique que le rôle des filles du royaume pendant ces fêtes coutumières est d’apporter du « soumbala » et d’autres ingrédients traditionnels à sa Majesté le Dima Sigri. C’est aussi la contribution des filles dans la célébration réussie des différents rites.

Allégeance des notables du palais à sa Majesté

Après le retour des fétiches, sa Majesté le Dima Sigri de Boussouma sort pour recevoir les salutations des dignitaires du palais, des communautés ainsi que les différents quartiers du riungou  de Boussouma. Il faut rappeler que chaque acte est toujours accompagné par des coups de tirs des « Kamboinsé ». Après la sortie du Dima, le Bend – Naaba, entouré des tambourinés retrace la généalogie en citant par ordre tous les noms et leurs «Zab-yuya» (devises) des Dima qui ont régné jusqu’à l’actuel Majesté le Naaba Sigri qui est le 32e Dima.  Ainsi, les chefs et notables du palais  s’invitent à la danse dénommée  « Na-saooré » devant sa Majesté le Dima Sigri. Et tout juste après cette danse, les différentes communautés ont été invitées à passer devant le Dima pour les salutations et les dons.  En attendant, le samedi et le dimanche pour la suite et la fin de la célébration de la fête de Naab Kitoaga 2023, les populations n’ont qu’un seul mot dans leurs bouches : « Vive le Dima, vive la paix au Burkina Faso, vivre la cohésion sociale entryles communautés. »

                                          Nématou OUEDRAOGO KAYAINFO

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