Travail des enfants : Constat du phénomène dans la ville de Kaya
Au regard du contexte sécuritaire dans la province du Sanmatenga, on constate que plusieurs enfants s’adonnent à de petits commerces. Une équipe de KAYAINFO a réalisé un reportage sur ce phénomène crucial dans la ville de Kaya, ce lundi 21 août 2023 à 10h au secteur 6. Pour mieux comprendre leurs motivations nous avons interrogé quelques enfants qui vendent des sachets, des galettes, des brochettes, des marchandises diverses et certains dans la restauration. Reportage !
Il est 10h 00 au secteur 6 de Kaya sur la RN3, route de Dori. Nous enfourchons notre engin et à quelques minutes nous croisons un enfant qui porte un lot de sachets sur sa tête. Avant d’échanger avec ce petit, plusieurs questions taraudent notre tête : Pourquoi à cet âge, il se lance dans le commerce ? Ne devrait-il pas être à la maison avec ses parents ? Ou alors ne devrait-il pas être en train de suivre des cours de vacances comme ses camarades ? Néanmoins, nous décidons de nous entretenir avec lui.
Il s’appelle Hamado Ouédraogo, un élève déplacé interne (EDI) en classe de CM1. Sous le soleil ardent avec sa marchandise sur sa tête, il se confie à notre micro en ces termes : « Je vends les sachets pendant les vacances pour m’acheter des habits et des chaussures afin de préparer la rentrée. » Pour lui, la vente de ces sachets lui permet de venir en aide à ses parents qui sont des déplacés dans la ville de Kaya. Ce dernier parcoure une très grande distance chaque jour afin de trouver des clients.
Un peu devant nous, nous croisons Rasmata Bouda, élève en classe de CM2. Elle vient d’être admise au Certificat d’Etudes primaire 2023. Quant à elle, rejoignant l’idée de Hamado Ouédraogo, notre premier interlocuteur, se confie à nous en indiquant qu’elle aide sa maman dans la restauration de haricot au bord de la voie. Pour elle, ce métier est rendable car : « J’accumule les petits jetons que ma mère me donne pour la satisfaction de mes besoins personnels. »
Plus loin, nous avons intercepté Wendpanga Emilienne Sawadogo, élève en classe de CE2 se promenant avec des galettes, accepte se confier à nous. Elle fait ce petit commerce afin d’assurer sa scolarité et donner un coup de pouce à ses parents, car souvent ces derniers n’ont pas assez de moyen pour couvrir toutes les dépenses de la maison.
Razak Baguian qui fait l’école franco-arabe en classe de CE1, rejoigne le point de vue de ses camarades. Cependant, son argent est destiné au petit marché à l’école lorsqu’il nous laisse entendre : « Je remets l’argent que je gagne à ma mère pour ensuite utiliser comme argent de poche pendant l’année scolaire. » La scolarité n’est pas en effet son but final car pour lui « mes parents ont les moyens pour le faire. » renchéri-t-il en soulevant ses baguettes de brochettes.
Lorsque nous avons voulu nous imprégner de l’avis des parents, nous avons rencontré Talato Sawadogo, une déplacée interne qui pense que les petits métiers des enfants pendant les vacances permettent de soutenir les parents dans leurs dépenses. Elle nous le confirme dans notre micro : « Les enfants doivent exercer des métiers pendant leur temps libre pour aider les parents. » Mais, elle émet des réserves sur cette pratique qu’elle juge assez compromettante sur l’avenir des enfants car les filles pourront s’adonner à des pratiques comme la prostitution ou la délinquance juvénile.
A en croire Mohamado Sawadogo, un jeune mécanicien au secteur 6 de Kaya, le commerce des enfants est une forme de préparation à la vie future quand il indique : « C’est une très bonne chose car les enfants gagent d’une part à l’école et d’autre part à se défendre plus tard dans la vie. Moi-même, j’ai pris deux enfants dont l’un est élève. »
Bref, ce qui attire le plus l’attention dans la ville de Kaya de nos jours, ce sont des enfants qui passent leur temps à se balader en longueur de journée dans les rues tenant leurs marchandises, des boites de tomate ou des vieux sacs. Cette situation reste un grand défi à relever. Il conviendrait alors que tout un chacun, autorités, parents se mettent dans la danse car ces jeunes constituent la relève de demain.
Soumayya SAWADOGO
(Stagiaire KAYAINFO)